Autrefois tout le monde se connaissait, les voisins gardaient un œil bien ouvert (ou bienveillant) sur les villageois d’à côté, on gardait précieusement ses trésors (les filles) et au moindre écart, les esprits pouvaient s’échauffer très vite.
On avait des coutumes, des façons de faire, naturellement, toujours meilleures qu’ailleurs, des biens par lesquels mère nature avait béni les villages. Des terres plus ou moins fertiles, plus ou moins ardues à cultiver, des fruits succulents ou un accès plus facile à l’eau. Les hommes et les femmes exerçaient des métiers plus ou moins pénibles, souvent liés à la terre, vivaient des expériences plus ou moins intéressantes dues aux aléas de la vie.
En somme, la vie ordinaire et souvent difficile des Hommes… Qui dit homme dit aussi joie, tristesse, jalousie, convoitise, moquerie. Depuis que l’homme est homme, des noms qualifiaient un individu et l’associaient inévitablement à l’une ou l’autre facette de sa vie.
Quoi qu’il en soit, des surnoms sont arrivés à nous sans savoir exactement le pourquoi du comment. Parfois l’origine diffère en fonction des narrateurs.
Essayons d’éclaircir certains d’entre eux.
Alstingerbimbes
Ce surnom semblerait qu’il faisait référence à l’origine à une famille ou à des familles, et remonte à une période historique difficile du village.
L’on raconte que ce surnom vient du XIXe siècle où, suite à une grande famine qui frappa notre région, certaines personnes cherchaient à manger en faisant tintiller une clochette pour attirer l’attention et recevoir de quoi se nourrir. C’était un nom que l’on donnait à quelques personnes, ce n’était pas une généralisation.
Mais il semblerait qu’avec le temps, ce surnom), [bimbel (sonner une cloche) donc bimbes] soit devenu une des dénominations locales pour se référer aux habitants de notre village.
L’on raconte aussi qu’il y avait, au début du XXe, un « Nicolas clocheur » un Bimbesnickel, donc un Nicolas que sonnait la clochette.
Kirchenlecka
Que serait notre village sans ses cerises ? Depuis la nuit de temps, semblerait-il, Alsting est le pays des cerises. Et l’un des plus beaux spectacles naturels que l’on puisse encore voir est notre village fleuri par les magnifiques fleurs blanches des cerisiers.
L’histoire raconte qu’en suivant les conseils d’un curé, ayant remarqué que la terre et l’environnement étaient propices, les habitants décidèrent de planter des cerisiers sur le versant sud et sud-ouest (côté Ermerich). Voilà pourquoi nous sommes entourés des cerisiers qui malheureusement ne sont plus entretenus ou remplacés.
Forcément, la saison venue, on mange des cerises, on les croque. Voici l’origine de ce surnom, les lécheurs, les croqueurs des cerises.
Certains parlent aussi de Kirchenknupa, donc lécheur ou croqueur de cerises.
À ce moment, les anecdotes s’entrecroisent car il existe aussi Kerelecka, le lécheur des noyaux, surnom donné, semble-t-il, à certains de nos voisins puisqu’ils avaient moins ou pas du tout de cerises.
Zinzingamorekep
Nous nous perdons à nouveau dans les méandres du temps pour trouver l’origine de ce surnom. Plusieurs histoires existent à ce sujet.
L’une d’elles racontent que le village était protégé par les Tirailleurs sénégalais, ce qui pourrait expliquer l’origine de cette expression que n’est pas connue très connue.
Une autre, nous mène à une autre époque, les friandises étaient des denrées rares et convoitées de tous. L’une d’elles, très connue, portait une appellation interdite de nos jours : la tête de nègre (une gaufrette surmontée d’une meringue moelleuse et recouverte de chocolat). En patois, on parlait de maure car c’est le nom utilisé côté allemand, donc Morekep. À ne pas confondre avec la « tête de nègre » qui était également une friandise consommée en France à base de reglisse. Quoi qu’il en soit, ce petit péché mignon était cher à l’époque, on l’achetait par pièce à des moments particuliers de l’année, les fêtes de Noël, la Kirb, par exemple.
Est-ce que les Zinzingeois les mangeaient plus que les Alstingeois ? Là, on ne sait rien !
Alstingahickehacke
Encore un surnom qui vient de nos voisins. Sans être méchant, il faisait référence aux caractéristiques géographiques de notre village. Disons qu’il y avait peut-être un peu de moquerie derrière.
Certaines communes des alentours disposent des terrains plats, faciles à cultiver. Soyons honnêtes, le seul terrain plat que nous avons au village est le terrain de football actuel, le reste l’est un peu moins.
Voyons… « Alstinga hicke hacke uf alle Berge gehn ze hacke met Ihr krume Aschbacke”. Alors, essayons de traduire, “Les paysans d’Alsting grimpent sur toutes les collines [rappelons-nous, pas de terrain plat] et piochent avec leur cul de travers [disons, penché].
Il reste certainement d’autres surnoms à répertorier, alors n’hésitez pas à nous contacter pour faire évoluer cette rubrique.